TD: La Bourdonnaye et l'amnistie, 13 novembre 1815

Publié le par Dio

Ce travail s'insère dans les  Cours: Chapitre 1 La Restauration 1814-1830  et Cours: Chapitre 2 Un essai de monarchie libérale: la Monarchie de Juillet (1830-1848), 1ere partie. Il propose quelques pistes pour aborder un commentaire de document, ici un extrait de la proclamation de La Bourdonnaye devant les députés, le 13 novembre 1815. La rédactions et les commentaires sont ici réduits à leur stricte minimum. Il s'agit non pas d'une source de recherche, mais d'un outil purement méthodologique et est rédigé comme tel.

Texte: La Bourdonnaye et l'amnistie, 13 novembre 1815


"L'amnistie doit être grande, généreuse, irrévocable ; elle ne peut devenir irrévocable que par une loi ; elle ne peut être généreuse qu'en couvrant du manteau de l'indulgence la presque totalité des coupables ; elle ne peut conserver le caractère de grandeur qui doit la distinguer de la faiblesse qu'en exceptant ces conspirateurs éhontés, ces hommes dangereux, qui, à toutes les époques de la Révolution, ont marqué dans ses rangs, l'ont, si j'ose dire, exploitée à leur profit, et élevé leur fortune sur ces malheurs publics. Elle doit excepter ces généraux [...] qui, traîtres à la patrie, parjures à leurs serments, ont donné le signal de la défection et renversé le trône qu'ils étaient appelés à défendre. [...]. Le moment de la justice est arrivé. Ses effets doivent être prompts et terribles, pour que le calme et la tranquillité renaissent de toutes parts, et qu'il reste de ces grands exemples une frayeur salutaire, gara,te d'un meilleur avenir, [...].

De pareils hommes inspireraient quelque intérêt? Pour arrêter leurs trames criminelles, il faut des fers, des bourreaux, des supplices ; la mort seule peut effrayer leurs complices et mettre fin à leurs complts. [...]. Il n'y a plus à regarder en arrière ; l'ennemi que vous avez offensé est un ennemi implacable, sachez répandre quelques gouttes de sang pour en épargner des torrents... [...]"


LA BOURDONNAYE, Chambre des débutés, Archives Parlementaires, T.XV, p.215 et suivantes.


Nature du doc: archive parlementaire (chambre élue), proclamation à la chambre des députés par l'un d'eux.

Finalité: persuader les autres députés.

Ce texte est une déclaration de La Bourdonnaye*, appartenant à la tendance Ultra, proclamée à la seconde restauration, le 13 novembre 1815, après le retour de l'Empereur durant les 100 jours. Il va légaliser la "Terreur Blanche".

Pose les conditions de l'amnistie à ceux qui se sont ralliés à l'Empereur: d'où « l'amnistie » , le pardon (on peut voir dans la notion de pardon une référence au catholicisme => ancien régime). Néanmoins ces conditions préconisent une certaine rudesse vis à vis des « traitres », où, lorsque le pardon ne peut être accordé, la mise à mort est préconisée, au nom de la justice.

*aristocrate ancien officier de l'armée royale émigré en 1791.



Structure:

Reprise linéaire des idées évoquées au long du texte.

"Amnistie": premier mot, idée fondamentale.
> Doit être grande et généreuse, irrévocable: se pose comme clémente

"Ne peut l'être que par une Loi"
> Introduction de la Terreur légale

"Manteau de l'indulgence sur les coupables"
> indulgence envers des coupables: se pose comme clémente

"Grandeur"/"faiblesse" (la faiblesse etant une référence directe  à Louis XVIII, jugé trop faible, il pardonne trop, on dira même qu'i lest moins royaliste que les ultras)
> introduction des exceptions à l'amnistie

Conspirateurs éhontés (référence aux régicides)
> établissement d'une exception à l'amnistie, et de la légalisation de leur châtiment (précédemment, les actes de vengeance vis à vis des bonapartistes et ennemis de la monarchie n'étaient pas légaux).

"Hommes dangereux, Révolution, exploité, profit, fortune, malheurs publics" (dénonciation de la vente des biens nationaux, dont ils souhaitent la restitution ou l'indemnisation).
> justification des exceptions à l'amnistie

"Ses généraux"
> Précision des non-amnistiés

"Traîtres à la patrie, parjure, défection, renversé le trône"...
> acte d'accusation des généraux

"Le moment de la justice est arrivé"
> Promulgation de la terreur légale

"Ses effets"
> "pour que le calme"... Justification des méthodes employées (mise à mort)

"Frayeur salutaire"
> annonce de la mise à mort des non amnistiés

=> 3 temps dans ce discours: acceptation du principe d'amnistie ; présentation de l'idée que se font les ultras de l'amnistie ; idée d'instauration de la terreur légale.

L'amnistie des Ultras se distingue de celle souhaitée par le roi, jugée trop faible.

On voit ici le développement de l'ultracisme, idéologie rendant légitime la Terreur, au nom presque de la justice divine. Discours terroriste*.

Proposition de Plan:

I. Une indulgence paradoxale

A. Un consensus de façade
B. Pas de faiblesse pour les traîtres

II. La Terreur inversée

A. Une menace toujours pesante
B. La pédagogie de la peur

*Un discours terroriste de la période révolutionnaire ou de la Restauration n'a rien à voir avec la signification qu'on en donne aujourd'hui. Il s'agit ici d'un discours tenu par un instigateur de la Terreur Blanche. Robespierre était un terroriste, instigateur de la Terreur.


TD rédigé par K. Roche

Publié dans Histoire Contemporaine

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